• Carnet du Japon #4 Derniers jours au Japon

    Episode 4 : Suite et fin du séjour à Kyoto (Japon 2015)

    Tâche ardue que de résumer ces carnets de voyage 8 ans après, en essayant d'être à la fois fidèle aux souvenirs, annotations et remarques de ce moi du passé qui jour après jour, gratta des pages de papiers, tout en revoyant et corrigeant la copie avec le moi du présent... après des changements évidents que le Japon, le Monde et moi avons vécu dans ce laps de temps. Pour ce dernier carnet édition Kyoto 2015, je voulais revenir cette fois sur de belles journées d'excursions où j'avais envie de m'attarder un peu plus pour différentes raisons. Ce dernier volet est publié au retour de mon second voyage au Japon qui m'a conduit à de nouvelles aventures, de nouveaux carnets que je vous partagerai à coup sûr ! et pas dans huit ans j'espère... C'est donc (re)parti pour la dernière ligne droite de ce premier tour !  du 10 juillet au 31 juillet 2015 

    Nara capitale des daims !Vue sur le Wakakusayamatoro couverts de mousseLes daims de NaraTemple de Kasuga TaishaJardin japonais de Nara

    Nara [奈良市], la ville des daims en liberté

    Nara est un des lieux historiques par excellence à visiter, et elle aussi, est une ancienne capitale ! C'est d'ailleurs LA première capitale fixe du Japon de 710 à 794, juste avant Kyoto et l'ère Heian [平安時代, Heian jidai]  de 794 à 1185.  En arrivant là-bas vous tomberez à coup sûr, comme nous, sur Kofukuji [興福寺] une pagode de 5 étages (la deuxième la plus grande du Japon me souffle-t-on dans l'oreillette) ainsi qu'une population importante de lanternes et de daim en liberté, plus de 1 300 pour ces  derniers et le double pour les petites lanternes de pierre. Euh... 3 000 lanternes ? Oui, oui, oui... Le Kasuga taisha [春日大社] c'est le Fushimi Inari [伏見稲荷大社] du coin où les torii [鳥居] sont remplacées par des lanternes, les tōrō [灯籠] importées de chine signifiant « panier à lumière, phare » dont certaines sont recouvertes en grande partie de mousse qui leur donnent un charme certain. Et pourquoi autant de daim ? Me direz-vous. Tout simplement, parce qu'ils sont sacrés. D'après la légende, ils seraient des messagers envoyés des divinités protectrices du temple de Katsuga Taisha  [春日大社] (une statue de daim porteur du message divin, rouleau dans la bouche à l'appui, est même devant une des entrées du temple). 13 millions de touristes se pressent chaque année pour les admirer, et des stands de krakers "spécial daim" sont en poste à chaque coin du parc à cet effet. La coutume est de leur donner à manger après une courte révérence : une inclination de leur tête gracieuse ornée de beaux bois ou encore... un coup de tête cornu si vous vous faites trop prier... Non mais ! Du coup les daims sont devenus super méga gourmands et vous poursuivent pour tout - et littéralement TOUT - manger ! Y compris des papiers, prospectus, plastiques et autres objets non recommandés pour leur survie... Attachantes certes mais vite envahissantes. Il y a aussi entre autre, l'impressionnante porte de Nandaimon [南大門] du Todaiji [東大寺] grand temple de l'est, qui donne à voir le bouddha imposant qu'il abrite, le Shin Yakushiji [新薬師寺] connu pour ses 12 statues des généraux célestes, la colline verdoyante de Wakakusayama [若草山] point culminant autour de 340m et le sanctuaire de Kasuga Wakamiya [春日若宮神社] dont le Onmatsuri est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. 

    Si vous souhaitez plus d'expérience à Nara, vous pouvez aller vous perdre en direction de la forêt primitive de Kasugayama [春日山原始林], une zone protégée pour la faune et la flore (équivalente de Natura 2000) depuis plusieurs décennies qui est vierge de la présence humaine (enfin ça c'est le prospectus de publicité qui le dit). Ou bien visiter le Yoshikien [吉城園] (gratuit pour les touristes) constitué de plusieurs jardins japonais où se trouvent une maison de thé, un observatoire, un petit étang avec pont et lanterne, des variétés de mousses différentes formant de généreux tapis, un petit coin fleuri dédié aux cérémonies du thé. Si comme nous, vous cherchez les ruines du château de Tamonjo [多聞城], nous vous épargnons des heures de déambulation inutiles : le concept de ruine en Asie est tout autre (voir Carnets de Corée #7). Il ne s'agit tout simplement que de l'ancien emplacement du château, et des "ruines" il ne reste pas un morceau de bois, pas une pierre, pas un panneau explicatif... Ah moins que vous ne vous vous rendiez au musée pour y voir les anciens plans et représentations de celui-ci, vous n'observerez sur les lieux, qu'un lycée japonais tout à fait ordinaire.    

    En route pour BiwakoLac BiwaPlage du lac BiwaVue sur les montagnes autour du lac

    Une après-midi de chercheuse au Lac Biwa [琵琶湖]

    Je suis sûre que ça vous manquait et que vous l'attendiez ! Alors je passe de suite en mode géographe des plages ! D'abord commençons par quelques nombres... Le lac Biwa-ko [琵琶湖], aussi appelé mer intérieure, est une vaste étendue d'eau douce qui possède une  superficie de 670,33 km2 pour vous donner un ordre d'idée, il est plus grand que le lac de Constance, ou le lac Léman et cela se voit même... Après vérification, il l'est d'environ 100 km2 (superficie totale de 536 km2 pour le lac de Constance et 580 km2 pour le lac Léman, respectivement les 3ème et 2ème plus grands lacs d'Europe). C'est un des plus vieux lacs du monde puisque son origine remonte il y a 4 millions d'années. Son nom Biwa [琵琶] est tiré d'un instrument de musique chinois, une sorte de luth, dont il a la forme.

    En prenant le train depuis Kyoto, le trajet longe une bonne partie du lac et nombres de rizières verdoyantes, bordées de maisons aux toits de tuiles bleues, les couleurs sont engageantes, surtout en cette période estivale. Lors de la descente, à la station Omi Maiko [近江舞子駅], impossible de se tromper quant à la direction de la plage, il suffit de suivre les locaux qui ont déjà gonflé, en habitués, leurs bouées dans le train. Dès notre arrivée, nous constatons que c'est un espace propice aux loisirs, et notamment le siège du jet-ski ! La zone de baignade est délimitée par des bouées, mais nous constaterons très vite que nous avons, et largement, pied ! Et ce tout du long. Cette corde servant, si vous voulez mon avis, principalement à nous protéger des fameux jet-skis quelques peu cascadeurs. La plage est géographiquement parlant un amas de petits cailloux mixés de sables grossiers et irréguliers, blotti sous de vieux pins. Anthropologiquement parlant, un amas de ballons et de bouées les unes plus énormes que les autres, aux couleurs flashies, étalant des formes de fruits majoritairement, avec une prédilection visible pour les pastèques et les ananas. Les autochtones peuvent se changer dans des cabines, s'ils ne se baignent pas complètement habillés, pour arborer des maillots de bains assortis aux bouées, aux vertus plus décoratives qu'utiles. En effet les baigneurs sont rares et suréquipés de gilets de sauvetage ou de leurs bouées énormes, les nageurs aux abonnés absents, et la consigne de sécurité solaire très respectée. En effet, ils se baignent tout habillé à la fois pour se protéger du soleil, de ses UV considérés comme très nocifs mais aussi pour empêcher leurs peaux de bronzer (petite aparté, c'est un critère de beauté à l'occidentale que le bronzage à l'heure actuelle qui s'oppose à la mode orientale qui est elle de garder la peau blanche. Cela mériterait tout un article peut-être ! Le bronzage en Europe, il n'y a pas si longtemps que ça, était aussi très mal vu, cela faisait paysan, travailleur extérieur et donc pauvres hères... Les dames de la cour préféraient largement avoir la peau laiteuse, elles aussi... Comme les japonais ! Il est curieux que de nos jours au contraire en occident c'est plus couru d'être bien bronzé, signe d'avoir profité de ses vacances alors que les nippons recherchent l'inverse ! Il y a matière à discussion !). La plage du lac est fortement propice aux rencontres d'amis autour de "barbecue party", nous n'avons pas bien compris si les deux messieurs en uniformes bleus qui déambulaient en distribuant des petits papiers aux différents emplacements de barbecue géraient la location ou l'ordre public, toujours est-il que l'ambiance était bonne, les enceintes diffusant une musique variée aux airs de vacances et les pastèques éclatées [スイカ - すいか prononcé suika] faisaient légion accompagnées nous supposons de beaux feux d'artifices [花火 - はなび prononcé hanabi] en fin de soirée comme lors des festivals estivaux que nous pouvons admirer dans les film, séries et animés.

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    Petit interlude interculturel sur la sécurité routière au Japon.

    La ceinture est-elle obligatoire ? A vrai dire, cette question m'a tellement préoccupée pendant notre séjour que j'ai même écrit une page entière à ce sujet dans mon journal de bord du 25 juillet 2015. Pourquoi et comment cela m'est venu ? En cherchant les mausolées de Momoyama, un secourable habitant monté dans sa camionnette nous avait déposé gentiment devant l'entrée du parc (vous vous en souvenez sûrement). Or, à peine assise j'avais eu bien du mal à chercher totalement vainement la ceinture dont la fameuse camionnette était dépourvue...

    Plus tard dans le séjour, notre adorable famille d'accueil, en route pour le restaurant de sushi avec plateaux tournants, nous avait aussi "chargé.e.s" à l'arrière avec leurs deux enfants qui chahutaient insouciants sans ceinture aucune, me laissant perplexe quant-à la marche à suivre. Le contraste était d'autant plus frappant qu'à notre escale en Corée du Sud, le bus touristique que nous avions pris était équipé de ceinture que le guide se faisait un devoir de vérifier à chaque arrêt et que, de plus, la loi équipant de même nos bus français d'un concept identique venait d'être votée... Curieuse, je me suis renseignée dès notre retour, en découvrant que l'obligation du port de la ceinture à l'arrière au Japon ne datait que de 2008 (soit 7 ans auparavant) rappelons qu'en France c'est en 1990 que cela fut promulgué (et 1973 pour l'avant du véhicule). Étonnamment en Corée du Sud, c'est dès 1990 aussi, mais cela ne fut le cas que pour les voies rapides et autoroutes. Il fallut attendre 2018 (3 ans après notre séjour) pour qu'elle soit élargie à toutes les routes.

    J'ai d'ailleurs trouvé un article appuyé de schémas (datant de mars 2023) sur ce sujet, environ 43% seulement des japonais respectent cette obligation du port de la ceinture de sécurité aujourd'hui. Pour en savoir plus c'est par ici ! Comme quoi il n'y a pas que moi que ça a interrogé...

    Remarque : D'après une autre source sûre, une certaine Mamagei, la ceinture de sécurité serait une obsession particulière de l'Utopimste, qui vérifie compulsivement à chaque montée dans un transport qui en est pourvu, que tout l'équipage s'en soit bien muni. A croire qu'elle prêche pour la Sainte Ceinture de Sécurité... Si toi aussi tu fais partie de la secte fais moi signe !   

    Ceci était un message du Ministre des transports, de la mobilité urbaine et de la sécurité routière

    Reconstitution d'une rue à la ToeiDoremi et CieStudio Toei bains publicsEntrée des studios

    Silence ça tourne ! Une journée à la Toei Animation Co.

    C'est le temps d'une journée que nous nous sommes glissé.e.s dans la peau d'un.e ninja (Léoly) et d'une samouraï (l'Utopim'ste) pour partir à l'aventure des studios de films japonais avec un nom à rallonge que je ne vous citerez qu'une fois pour vous épargner... 東映アニメーション株式会社, Tōei Animēshon kabushiki gaisha  ! 

    Et nous n'avons pas été déçues ! Quasiment tous les films nippons sortent de ce studio (l'équivalent des studios Hollywood en Amérique) sans compter la partie dédiée à la seule Toei Animation... Cela vous dit quelque chose ? Forcément ! Miyazaki et Takahata y ont fait leurs débuts, je vous en avais parlé dans un lointain article intitulé Dans l'ombre de Miyazaki. de plus la Toei  Animation c'est (entre autre) des animés comme Doremi, St Seiya, Albator, Goldorak, Sailor Moon (pour les classiques) et plus récemment One Piece (oui oui celui qui vient d'être adapté en live action sur Netflix) ! Ici, nous déambulons dans des reconstitutions de rues d'époque (ère Meiji et Edo), nous passons dans un quartier des geishas [芸者] et maikos [舞妓], tombons nez à nez avec une exposition d'estampes, dédié à Hokusai [葛飾 北斎] et à sa vague et nous parcourons les nombreuses archives des studios. Chaque salle est plus ou moins dédiée, on compte celle des mini ninjas, une école des monstres, le hall des super-héros (qui retrace l'évolution des personnages de type "Power Rangers" "Bioman" des débuts à nos jours), une de jeux vidéos, une à la période des samouraïs avec Sanada [真田幸村], Hideyoshi [豊臣秀吉] et compagnie mais aussi des bâtiments spécifiques dont une maison hantée et une maison de ninja (avec des passages secrets pour sortir des pièces type escape game)  et j'en oublie encore ! En extérieur nous apercevons un monstre qui sort du lac (non ce n'est pas le Loch Ness), un volcan qui s'éveille et de nombreux spectacles de rues. Notamment un sur les kappas [河童] petits monstres des rivières du folklore japonais, intitulé sobrement Water Splash, on vous laisse deviner le contenu et un autre sur l'histoire d'Hideyoshi et de Sanada à l'intérieur du grand théâtre, mettant en scène des combats et des cascades de samouraïs en costumes. Dans un autre bâtiment, une  marchande ambulante (ancêtre du Rakugo [落語] dont je vous avais déjà parlé) utilise une sorte de natte de bambou, lui faisant prendre des formes pour illustrer et soutenir son récit, plus loin, nous sont expliqués tous les dessous d'un spectacle pour voir comment orchestrer un film, entre autre "trucs" de réalisation, chorégraphie des combats, décors, mise en place des saisons, ... Et bien entendu une réplique des quartiers du Shinsengumi [新選組], ces samouraïs qui étaient chargés de protéger Kyoto à la fin du shogunat de Tokugawa (fin du 19ème siècle), une époque bien connu de tous les fans de films et d'animés de samouraï, car la plus propice aux intrigues (Kenshin le Vagabond et Gintama en tête).

    SekizanzeninTakaragaikeTemple dans le quartier de KokusaikaikanSinge protecteur du palaisICC KyotoManshuin

    Au hasard des terminus de métro : découvrir les environs du Kokusaikaikan [国際会館駅]

    Il est intéressant de découvrir une ville au hasard des chemins, ce jour là c'est ce que l'on fit. Nous choisîmes comme point de chute le terminus du métro "Kokusaikaikan" [国際会館駅] qui promettait (selon la carte) de la verdure et le tour d'un lac. Et en effet, nous avions atterri aux abords du parc Takaragaike [宝ヶ池] qui s'étendait autour d'une grande réserve d'eau portant le même nom, un ancien lac d'irrigation datant du XVIIIème siècle. Cet espace offrait une vue sur les monts environnants ainsi que sur le centre des conférences internationales : le ICC Kyoto [国立京都国際会館, Kokuritsu Kyōto Kokusaikaikan ], un bâtiment gracieux à l'architecture intéressante. Nous avions surpris des daims sauvages sortant des bois et croisé des coureurs faisant leur jogging ainsi qu'une adorable fanfare d'enfants s'entrainant.  A l'heure du service nous avions écouté la litanie d'un moine dans le temple de Sekizanzenin [赤山禅院], pour découvrir que nous étions pile sur la fameuse colline située au Nord-Ouest du palais impérial... Et alors me direz vous ? Eh bien nous avions pénétré au cœur du temple protégeant la cité et la résidence impériale de la direction malchanceuse, la preuve en était le Saru [] (singe) qui trônait en haut du temple. Puis, ce fut à Manshuin [曼殊院] que nous arrêtâmes de nouveau nos pas, devant une reconstitution passionnante des cuisines (tout à fait subjectif comme remarque je suis entièrement d'accord) ! Un alignement de petites marmites encastrées dans un plan de travail (récipient / cuves) assorties de leurs petits couvercles, plus loin la place pour l’âtre ou plutôt un trou dans le sol pierreux et toute une collection de plateaux de service. Ce calme et serein temple bouddhiste, à l'écart des cohues touristiques, abrite de nombreuses reliques et des vastes jardins aménagés tout aussi calmes et reposants, dont de petits jardins d'intérieurs très organisés et soignés. Dans ce même bâtiment, nous (re)découvrîmes l'artiste Kano Morinobu [狩野 探幽] qui avait peint la salle des tigres du Nijojo au détour d'une anecdote amusante du guide. En effet n'ayant jamais vu de tigres en vrai à l'époque, les artistes peignaient d'après leurs observations des pelisses rapportées de Chine. Seulement, n'ayant aucune connaissance à ce sujet, ils pensaient que seule les tigresses étaient rayées et que les pelisses de léopards étaient celles des tigres mâles. A l'intérieur des bâtiments vous pourrez admirer (en plus de la salle des tigres de l'anecdote) un concentré de peintures d'époques qui y sont bien conservées.

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    J'aurais encore tellement de choses à vous dire sur ce voyage, les japonais, le Japon, la culture japonaise, et les différences d'avec l'occident. Cependant il faut en garder aussi pour la prochaine fois ! C'est donc ici que se termine un voyage, et où commence un nouveau...

    << ENJOY IT !! >>

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