• Cultures et (pluri)linguisme

    Pour parler des diversités culturelles, des réflexions sur les langues, du plurilinguisme, mais aussi pour comparer, faire des parallèles, des mises en relation afin de mieux comprendre notre monde multiethnique.

  • Il y a quelques temps (lointain) je vous parlais des nuances en traduction et de la question de culture très prégnante dans chaque langue qui a participé à sa formation, sujet très vaste et intéressant à mon avis, surtout quand on apprend ces dites langues. J'ai eu envie de récidiver...

    "Pardon" à la loupe

    Pourquoi ? Et bien parce que j'avais (re)commencé des cours de japonais, et que je venais de finir un livre très intéressant sur la culture nippone intitulé Le chrysanthème et le sabre de Ruth Benedict, un essai commandé par les américains en 1944 parut en 1948 (juste après la guerre) pour mieux comprendre leur adversaire de la Seconde Guerre Mondiale. L'anthropologue y dresse un tableau du système et du fonctionnement de la société japonaise, d'après des témoignages de ressortissants japonais installés aux Etats-Unis et des récits. Sans avoir elle même, posé le pied sur le sol nippon, c'est un sacré challenge ! Au fil des pages, j'étais tombée sur ce fait culturel très intéressant et parlant :

    Les japonais pour dire "merci" utilisent des formulations de politesse d'excuse ! Car culturellement au Japon donner quelque chose à quelqu'un lui rendre service l'aider, c'est lui imposer un ON une "dette" future qu'il doit "rembourser" alors là je vais mettre des guillemets partout, je vous ai fait un topo sur la nuance la dernière fois donc je crois que c'est clair XD. D'ailleurs c'est très étonnant de voir tout le système de ON "dette" qu'ils ont et comment l'imbrication de l'une dans l'autre peut créer des dilemmes incroyables. Notamment parce que les deux ON les plus marquants de la vie d'un japonais sont, celui qu'il doit à l'empereur, et on comprend aisément, pourquoi ce fut si important lors de la Seconde Guerre Mondiale et celui qu'il doit à sa famille, notamment ses parents, qui l'ont élevé et cela explique la vie commune de plusieurs générations sous le même toit. Je ne m'étendrai pas plus sur le sujet aujourd'hui, vous pouvez aller lire cet essai à la place, très instructif bien qu'un peu daté ! Car mon sujet n'est pas exactement là... Alors sans plus de cérémonie faisant un zoom et passons, comme intitulé dans le titre,  le "Pardon" à la loupe !

    On vient de le voir les japonais disent merci en s'excusant d'avoir "déclenché une dette future" qu'ils devront à leur interlocuteur, qui leur a rendu service... A cette lecture, la question que ça m'a posé c'est : et en Europe qu'en est-il du pardon ? Pourquoi et de quelle manière s'excuse-t-on ?

    En France on demande très peut-être trop... souvent aux enfants de demander pardon. Et la formulation m'a toujours interpellée. "Je m'excuse" comment peut-on s'excuser soi même ? "Excuse moi" bon c'est peut-être mieux. Et puis au moins ça laisse à l'autre le droit de dire "non je t'excuse pas !" Parce qu'à la fin, à toujours demander "pardon" à tout va, on finit par être "désolé" de tout ou "désolé" de rien... Il y a ceux et celles qui s'excusent sans raison, culpabilisés par tout, à côté de celles et ceux qui acceptent trop facilement les bonnes et même les mauvaises excuses. Celles et ceux qui pensent que s'ils disent "pardon" tout sera immédiatement pardonné ou arrangé. "Dis pardon au verre que tu as brisé... Est ce que ça le réparera ?"  Mais aussi ceux et celles qui refusent de demander pardon, parce qu'ils n'ont rien à se reprocher, parce qu'ils n'en ont pas envie, parce qu'ils n'ont pas compris qu'il y avait un réel problème, parce qu'ils sont dans le déni, parce que "ça ne changera rien" et etc... la liste est loin de s'arrêter là.

    Prenons le temps puisqu'il le faut aussi généralement pour pardonner de remonter étymologiquement le sujet : pardon vient du latin per donare ce équivaut à "faire don de quelque chose", en gros c'est celui qui est offensé qui a le pouvoir d'accepter la demande de l'offenseur. Vais-je lui faire don de ma résilience et passer outre le fait que j'ai été blessé ? Ne nous le cachons pas, nous voyons de suite que tout est une question de point de vue, de valeur, de culture encore une fois ^^, mais surtout de bon sens, et de gravité des choses ! C'est un terme qui a traversé les frontières européennes avec les langues latines, puisqu'en Italie on a droit à "Perdono" pas très loin de son homologue espagnol d'ailleurs et en anglais "Pardon" s'écrit de la même manière même s'il se prononce différemment. Pour les Excuses c'est un peu pareil ! Mais d'où vient-il ? Et bien... Vous connaissez Accuser ? Excuser c'est son contraire ;) Cuser vient de Causa la cause "Ac-cuser" c'est mettre en cause (pour un acte) et "Ex-cuser" c'est dédouaner quelqu'un de cette cause... Et du coup il y a une notion de juridiction derrière, on juge l'auteur - coupable ou non coupable this is the question - à savoir si on va l'inculper ou le disculper en fonction des raisons de son acte, pour lequel il demande "pardon". Et j'en reviens à l'idée de départ que des excuses, à mon avis, peuvent être refusées...

    Quand au désolé pour hier soir... il vient du latin desolare, "ravager, dépeupler" et il met en scène le sentiment de peine, de regret. Ce qui est intéressant c'est les autres emplois du mot "désolé" et des mots de la même famille comme "désolation", "désolement". Quand on dit que "tout est désolé", en parlant d'un lieu, on a de suite la notion de solitude, de sécheresse, de vide, de fléau, d'affliction, ou de pauvreté et peut-être même quand on y réfléchit, une image de fin du monde, d'apocalypse genre la désolation de Smaug le dragon de Bilbo le Hobbit... Bref ce mot a peut-être perdu de son sens profond d'origine car le terme premier semblait contenir tant de sentiments démesurés pas toujours adaptés aux situations les plus banales de la vie quotidienne comme par exemple quand on dit "Désolé j'ai eu un contretemps, j'aurais dix minutes de retard."   

    En parallèle si on s'intéresse à l'allemand, on retrouve le même type de formulation désolé et pardon vont se traduire par "Es tut mir Leid". Leid venant de douleur, on y met aussi des sentiments, mais cela engage plus la personne concernée avec la présence du "mir" (représentant le je) qui implique dans la phrase  littéralement "ça me fait mal" donc des excuses grandement basées sur le ressenti. "Die Entschuldigung" (une excuse) et "Entschuldigen Sie mich (bitte)" (excusez moi svp) quant-à-eux sont basés sur le terme de "Schuld", qui exprime le ressentiment de la faute, la culpabilité à laquelle on ajoute le préfixe -Ent. Il cherche, ici aussi, à marquer l'opposition "schuldig" être coupable (responsable d'une faute) versus entschuldigen être déculpabilisé.

    A peu de chose près on peut dire que pour ce qui est du pardon et de la faute voir même du pêché oserais-je dire, suivez la suite de mon raisonnement vous comprendrez..., les origines européennes du mot se rejoignent ! A mon avis, cela est fortement lié à une histoire de culture chrétienne commune, datant du Moyen-Âge, qui avait coutume de se confesser, de demander pardon et de "pardonner à ceux qui l'ont offensé".  

     

    Concrètement (ou pas) dans une image plus laïque en métaphore filée et peut-être, un peu plus parlante (ou pas), ça se passe comme ça :

    Le tribunal du pardon (votre cerveau) est ouvert pour rendre justice (d'un acte commis à l'encontre de votre personne) l'avocat de la défense (souvent l'auteur lui même ou parfois un médiateur) devra se justifier des faits pour lesquels il s'est rendu coupable/responsable. Pour cela il va devoir prouver sa sincérité devant les juges pour éviter de rester sur le banc des accusés. Le verdict sera rendu par le tribunal du pardon, coupable ou non-coupable, circonstances atténuantes ou aggravantes, ... et parfois plus que des mots d'ex-cuses, il faudra avoir recours à des actes réparateurs pour sortir libérés du poids plus ou moins lourd de la responsabilité pour laquelle nous étions remis en cause.

     "Pardon" à la loupe 

    Pour conclure, en ces temps de conflit en Europe, j'ai trouvé opportun de sortir cet article en construction depuis un moment... Accorder le pardon pour des crimes contre l'Humanité, contre le droit humain. Peut-on s'en sortir avec des seules excuses publiques verbales ? Voilà de quoi nous faire réfléchir sur notre relation au pardon, au travers de son étymologie et des valeurs culturelles qu'il brasse. Réfléchir aussi sur nous et notre lien avec lui. Car oui... Et nous ? En tant qu'individu, comment et quand demandons-nous pardon ? 

     En espérant que cet article aura éclairé votre lanterne comme la mienne :) suite au prochain épisode...

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  • J'ai toujours eu du mal à traduire d'une langue à l'autre. J'aurai fait une très piètre interprète et c'est d'ailleurs la raison principale qui m'a décidée à bifurquer de mes études de LCE allemand au profit de la géographie. Ce qui me bloquait le plus dans les traductions et versions que nous passions de l'allemand au français ou du français à l'allemand et qui me bloque d'ailleurs encore souvent... c'est cette question de nuance. Parfois même trop souvent à mon goût le mot que l'on veut traduire n'a pas d'équivalent exact dans l'autre langue. On s'en approche mais c'est pas tout à fait ça, non pas assez... Ou pire ! Il n'existe tout simplement pas dans la langue. Auquel cas comment le traduire ? Car toute langue véhicule des valeurs culturelles, des idées et des images derrière tout emploi de mot  je vous avais déjà parlé de cette notion dans un article précédent sur le thé. Le mot traduit va non seulement, dépendre du contexte d'utilisation, mais aussi du récepteur et de l'émetteur ainsi que de leur propre prisme culturel...

    Pour illustrer ces propos un bon exemple en allemand est sans doute le Fernweh, vous connaissez peut-être déjà le Heimweh de heim = domicile / foyer et weh = douleur / mal qu'on pourrait se contenter de rapprocher du "Mal du pays" français mais en vérité, c'est tellement plus... Puisque c'est le manque du foyer, de la maison, qui représente la nostalgie d'un petit cocon confortable, plus centré sur sa ville natale, son village d'origine ou sa maison de famille, lié à l'affection qu'on lui porte que du "pays" au sens large. Donc le Fernweh de fern = distance et weh = douleur / mal lui c'est un peu l'opposé, il représente l'envie de partir en mettant une distance avec le lieu où je me trouve actuellement, d'aller loin, être en mal de voyager après le confinement qu'on a vécu on comprend beaucoup mieux cette notion de "nostalgie du voyage" ^^. Pour essayer de vous en faire une idée plus précise : si le Heimweh c'est le désir et la nostalgie de retourner chez soi, quand on est un peu casanier, le Fernweh c'est un peu le désir et la nostalgie de partir dans des pays loin ou inconnus pour les aventuriers. Deuxième exemple et non des moindre, parlons aussi de mots maux quotidiens ! Avec le Ohrwurm, "le ver d'oreille", qui signifie avoir une chanson en tête dont on arrive pas à se débarrasser les fans incontestés de Kaamelott auront une image précise de ce que peut être le Ohrwurm... Et proposeront peut-être de le nommer en français une "Volette" (ou pas) mais ça prouve bien que c'est véhiculé par une culture, puisque lié à des éléments culturels français, en l’occurrence ici, une série TV.

    Et c'est comme ça que je retombe sur mes pattes ! ;)

      Avant de traduire, il faut tout mettre sur la balance et soupeser. Je dois savoir exactement comment je vais traduire chaque mot et les imbriquer pour en faire des phrases afin que le public cible saisisse les informations données tel que l'émetteur les a transmises. Ainsi la traduction s'appuie d'abord sur l'interprétation "que veut réellement dire l'auteur ?" puis sur la réinterprétation pour ses auditeurs, plus ou moins attentifs...  Il faut aussi prendre en compte le prisme culturel des récepteurs. Au risque de se retrouver face à un échec critique de transmission ! C'est notamment ce qui fait que l'humour traduit est parfois une tâche des plus ardue... Dans cette catégorie, je citerai Les Bronzés font du ski, un film qui fait rire tout français par ses caricatures, mais laisse de marbre les allemands qui sont loin de comprendre l'engouement. Et pour cause... En effet le comique est bien trop basé sur des habitudes culturelles et historiques françaises de "vacances à la montagne annuelles" où chacun peut reconnaitre les travers de certaines personnes qu'il/elle connait ou a déjà rencontré, renforcé à l'extrême. Les allemands n'ont en aucun cas ce rapport mis en avant dans le film aux vacances d'hiver et au ski. Ils ne peuvent donc pas regarder ce film en néophyte, le contexte culturel, historique ainsi que les habitudes françaises doivent être connues pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants et en profiter au maximum. C'est aussi le cas de films asiatiques qui se sont plus ou moins mal transportés jusque chez nous. Certains nécessitent une connaissance particulière de la culture et/ou des rouages contextuels du pays émetteur sans parler de film de propagande historique... que je mets de côté, je pense que Parasite de Bong Joon-Ho est un de ces films qui mérite de le voir en connaissance de cause sans quoi on passe à côté du message Et c'est bien pour cette raison qu'il existe des remakes de films. C'est une manière de garder et de transmettre l'histoire et le concept de l’œuvre, tout en s'adaptant à son nouveau contexte culturel et historique mais aussi de rentrer dans les codes du public visé. Cela permet de faire traverser les frontières à des films qui n'auraient pas eu la chance de le faire sans ces changements. Et bien entendu, d'un autre côté, il y a l'argument du marketing... En Asie souvent quand le film ou le drama fait un carton dans le pays, on surfe sur la vague et on réadapte à sa sauce en remettant au goût du jour, et au goût des fans... Car oui, généralement, les fans d'une œuvre se tournent (très) souvent sur les remakes pour comparer, si vous en doutiez ^^

     Bref ! La traduction c'est un métier !

    Une excellente version française d'une œuvre étrangère culte demande un travail impressionnant pour obtenir une bonne réception dans les meilleures conditions. En plus de l'intérêt du plurilinguisme, de l'ouverture culturelle et de la VO,  qui mériteraient tout un autre article, On voit bien que la traduction relève selon son contexte de toute une palette de nuance !

    Il vous faut une autre preuve ? A Berlin lors de l'échange franco-allemand, on nous a raconté une anecdote amusante. Lors de la recherche d'un traducteur pour des fins de rédaction de traité franco-allemand, devant une assemblée attentive de personne, à la question, "Nous avons besoin d'un traducteur qui pourrait s'en charger ?" en allemand dans le texte la réponse du premier candidat fut "mich". Soit l'équivalent mot pour mot du "moi". L'interlocuteur de lui répondre un "Non, pas vous de préférence." Pourquoi  ?? A dû s'insurger le "vous"... Eh bien parce que ce "moi" en français peut être à la fois complément d'objet direct ou indirect pour reprendre le "je" dans une phrase, mais aussi comme c'est le cas ici... sujet ! La tournure française emploie en effet le "moi" comme sujet de réponse quand le verbe est éludé. En gros on abrège "je veux m'en charger" en "moi" sujet. Ce qui est impossible en allemand. Etant donné qu'ils ont un système de déclinaison auxquels ils se tiennent, pas comme les nombreuses exceptions françaises ^^ ils vont employer eux la notion de "je" sujet au nominatif soit "ich" et non mich ou même mir (même si ce sont les équivalents du moi respectivement déclinés à l'accusatif et au datif en fonction de l'emploi comme COD ou COI dans la phrase). Comme quoi, des fois, à une lettre près...

    Traduction : tout est une question de nuance

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  • J'avais déjà expérimenté la diversité de la langue française, sans s'engager loin dans le dialecte, quand en changeant pour le département voisin, les lézards étaient devenus des rapiettes pour mes collègues et les lotos de l'école des quines... Interloquée tout d'abord, je m'y suis faite, en les utilisant même parfois pour me faire comprendre.

    L'avantage de l'échange franco-allemand du premier degré, c'est qu'il amène à côtoyer des collègues français(es) d'un peu partout, et pas seulement du département voisin... Je ne veux pas vous parler ici des accents typiques de certaines régions ! Même s'ils nous ont tout de même bien fait rigoler, quand mes élèves n'ont pas compris le "pain" avec l'accent charentais de mon amie Cagouille, car ils n'avaient entendu jusqu'ici que le "pain" avec l'accent aquitain... Non je veux vous parler plutôt de ces petites habitudes de langage, nos petits tics de régions, notre français pas français, qui parfois nous interpellent entre nous et nous font plaisanter : "Ah oui c'est vrai que t'es pas d'ici toi !" D'ailleurs on ne présente plus le désormais célèbre débat "chocolatine" versus "pain au chocolat" et son petit frère : la "poche" versus le "sac" plastique !

    Avant d'enseigner sa propre langue autant faut-il se mettre d'accord sur ce qu'on va transmettre aux petits allemands pour qu'ils se débrouillent n'importe où en France et pas seulement dans notre belle Région. même si c'est la meilleure au Monde ! Chauvinisme quand tu nous tiens ;) C'est une question de survie pour nos petits élèves, alors on se prend la tête sur LA meilleure formulation possible des phrases :

     

    - Et toi tu le dirais comment ? Plutôt : Est-ce que tu aimes le rouge ? Aimes-tu le rouge ? Tu aimes le rouge ? T'aimes le rouge ?

    Une chocolatine dans une poche ?! Toi t'es pas du coin !

    -  Je sais pas moi... Quelle est ta couleur préférée ?

     

    A vrai dire ces petites manières de dire les choses, nous amènent parfois  à des quiproquos, ou d'autres situations amusantes, et à des discussions régionales enflammées, avec prise à partie pour renforcer les clivages Nord/Sud et Est/Ouest la plupart du temps XD C'est ainsi qu'on découvre parfois qu'on est les seuls à utiliser certaines expressions et qu'on se rend compte qu'en effet elles ne sont pas grammaticalement et/ou lexicalement parlant justes...

     

     Petite collection Alsace vs Aquitaine de perles du langage merci à Mamagei mon amie alsacienne pour ces moments édifiants dans ma découverte des possibilités de la langue française ! :

    Une chocolatine dans une poche ?! Toi t'es pas du coin !1) "Est-ce que je dois sortir mes chaussures ?" c'est comme ça que j'ai pu faire rire la totalité des français de l'échange au cours de la formation, lors d'une improvisation théâtrale. J'étais la seule enseignante de la pièce née en Aquitaine... En effet, sortir ses chaussures, son manteau, ou autre chose est typiquement aquitain comme réplique. Partout ailleurs on emploie "enlever", ou "retirer", ce qui est plus correct sémantiquement puisque sortir revient à les mettre dehors... Peut-être que cela vient du fait qu'on les laissait sur le pas de la porte en Aquitaine avant de rentrer dans un édifice ? Comme le fameux "barrer la porte" charentais... Et si je voulais vraiment me faire l'avocat du diable je pourrais même répliquer que théoriquement on les "sort" de sur son corps ;p

    2) "Mon mari me cherche !" Et alors il t'a trouvé ? Ai-je répondu en rigolant à mon amie Mamagei. C'est donc ainsi qu'en Alsace on parle de "venir chercher quelqu'un" cela m'a interloqué, et même encore j'ai du mal à l'entendre sans afficher un sourire amusé... Car pour moi ça ne signifie pas du tout la même chose. J'ai cependant regardé dans le dictionnaire pour savoir qui avait raison. D'après Larousse, chercher c'est "Se déplacer, parcourir un lieu, faire des efforts pour trouver ou retrouver quelque chose ou quelqu'un qui se trouve à un endroit inconnu ou oublié" donc je pense pouvoir dire sans vexer personne que c'est un abus de langage que de dire "il me cherche."

    3) "T'en veux d'autre ?" Cette fois j'ai eu droit au soutien ouestien de la part de la Bretagne, qui a assuré elle aussi qu'elle l'employait. Cependant, ce n'est pas tout à fait juste puisque "autre" signifierait un différent, hors ici on demande si "t'en veux encore ?" ou "plus" et le couple d'alsaciens, Papagei et Mamagei, a bien relevé ! J'ai maintenant droit au même petit sourire que je réserve à leur "il me cherche" à chaque fois que j'emploie le fameux "Qui en veut d'autre ?".  

    4) "Je ne dois pas, mais je vais y aller." pour moi le terme de "devoir" relève de l'obligation donc ici combiné avec l'emploi de la négation traduirait une interdiction ou une impossibilité. C'est ainsi que je n'ai absolument pas compris le sens du message, plantée devant les toilettes sur l'aire d'autoroute. Au contraire je me suis inquiétée complètement perdue, "Pourquoi, tu ne peux pas ? Tu n'as pas le droit ? oO " "Si mais je n'ai pas besoin." C'est là que j'ai tilté et que je me suis exclamée, comme un chevalier de la table ronde devant la découverte du Graal "AAAAAAAAAAAAHHHHH ! En fait tu n'as pas envie, mais tu vas y aller."

    Si vous aussi vous avez d'autres perles langagières de vos régions n'hésitez pas à partager :)

     

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  • Il est un concept très allemand que constitue l'Hitzefrei et qui pourrait, en ces premiers jours d'été, faire s'étouffer de rire, avec son verre de cocktail surmonté d'un petit parasol et de deux glaçons, un sudiste bien français à l'heure de l'apéro...

    Entrons directement dans le vif du sujet ! Avec une question à la mode sudiste : L'Hitzefrei ? Kesako ? L'Hitzefrei, c'est à l'école allemande, le fait de ne pas avoir cours pour cause de grosse chaleur. Hitze signifiant "Chaleur" même si j'emploierai le terme de "canicule" pour être plus exacte, et Frei "être libre", à mon avis abrégé de "Schulfrei" ou mot pour mot "école libre" => pour signifier un jour ou une période sans école.

    Round 2 : Hitzefrei vs Tempête de Neige !Une de mes amies allemandes m'a ainsi expliquée que lorsqu'elle était plus jeune, elle regardait tous les matins le site de l'école en espérant y voir s'afficher le fameux Hitzefrei de délivrance : aujourd'hui pas d'école ! La météo allemande étant ce qu'elle est voir mes précédents articles sur le sujet, il se trouve que les Hitzefrei sont à des températures où nos élèves français ne sont pas encore au stade de la canicule du sud-ouest, privés de toute sortie cela m'est arrivée une seule fois en deux ans... J'ai donc expliqué tout naturellement pourquoi cette clause n'existait pas en France : les enfants seraient en Hitzefrei quasiment tout le mois de juin !

    Mais reprenez vous chers sudistes, et sauvez les quelques gorgées de cocktails qu'il vous reste en ces temps de chaleur ! Car nous avons un équivalent en France à l'Hitzefrei qui, lui fait marrer les allemands...  Alors pas d'idées là-dessus ? Si les petits allemands attendent avec impatience les journées chaudes et étouffantes de l'été dans l'espoir de sécher quelques cours pour aller à la piscine, nos petits français eux espèrent en hiver !

    Oui dès qu'il commence à tomber trois flocons, c'est la panique dans certaines régions françaises ! A tel point que les trams ne passent plus à Bordeaux dès un millimètre de neige et que les bus scolaires ou non sont susceptibles d'être supprimés dès l'annonce d'un ou deux flocons  ! Mes amis erasmus allemands qui avaient choisi Bordeaux comme point de chute en avaient étés bien surpris. Bravant à pied ou à vélo la "tempête de neige française" qu'ils n'avaient presque pas remarquée, ils se sont retrouvés devant une université presque vide, où les professeurs et leurs camarades n'avaient pas pris le risque de sortir de chez eux... Il est impensable pour eux qu'une aussi grande ville n'ait pas investi dans une saleuse au cas où...

    Pour conclure ce deuxième round de versus, il est vrai que j'ai pour l'instant plus d'Hitzefrei que d'avis de Tempête de neige à mon compteur...

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  • Quand on est à l'étranger, on se sent un peu responsable de l'image de son pays d'origine dans le pays d'accueil. Car d'une simple action, d'une simple phrase, ou d'un simple mot, on peut tout à la fois renforcer les stéréotypes, ou alors les démonter de A à Z. Et il se trouve que c'est comme ça... PARTOUT !

    Remarque : Dans la suite de l'article j'emploie toute une gamme de "Schtroumpf*" mais c'est remplaçable par toutes les nationalités possibles dans tous les pays possibles à vous de remplacer le mot par la nationalité de votre choix, et le tour est joué ! Si vous voulez tout tester, vous pouvez relire l'article à l'infini...

    Riz au lait vs Milchreis : and the winner is...Pour vous le démontrer correctement, commençons par le commencement... Une fois passée la frontière, on s'entend souvent dire après un quelconque acte banal de la vie quotidienne : "C'est bien schtroumpfais* ça !" et on s'insurge en soit-même : Mais pas du tout ! On se demande donc de plus en plus régulièrement, et cela pour tout et n'importe quoi,  si ce que l'on fait est typiquement Schtroumpfais* ou non... D'ailleurs on se dit même parfois qu'on n'est pas si Schtroumpf* que ça... On en est même bien loin, du Schtroumpf* considéré comme "authentique". Et il arrive toujours un moment, où, on se sent un peu tiraillé entre deux modes de vie plus ou moins différents, et même pire, pris à parti pour choisir un camp : pays d'accueil contre pays d'origine ! C'est ce que j'appellerai : "la question piège".

    Et bien souvent l'assemblée la pose cette question, de manière complètement innocente et détournée, les yeux remplis de curiosité. Parce que oui, l'avis de la Schtroumpfette*, est une curiosité... Il faut toujours demander l'avis de la Schtroumpfette* ! Comme ça on aura l'avis de TOUS les Schtroumpfs* ! Et ça tombe avant que tu n’aies le temps de t'éclipser : "Et toi t'en penses quoi ?"  Oups... Ben c'est à dire que... En fait moi... J'essayais juste de me sauver en douce avant qu'on me demande mon avis tu vois...  Bon c'est un peu loupé... En plus, avec un peu de chance y a même l'Imbécile qui ricane sous cape dans un coin "Alors la petite Schtroumpfette* ? On s'est bien habituée à la mode du pays ? Où t'es restée chauvine ? Genre... blabla c'est mieux au pays des Schtroumpfs !" Sisisisi tu sais c'est le relou de service qui est sceptique de ton engouement dans le pays d'accueil depuis le début. Celui qui a été nourri aux stéréotypes dès le biberon, passe son temps à mettre tout son entourage dans des cases, possède une objectivité très restreinte et une tolérance quasi-inexistante. Tu peux te féliciter d'abord qu'il n'y est que lui, parfois ils sont toute une armée...

    Une fois que la question piège a été posée sur le tapis, impossible de reculer ! Dans les deux sens du terme, parce qu'en plus derrière toi y a un mur... Fallait pas essayer de se sauver dans le couloir. Donc tu passes au plan B, chercher dans l'assemblée un soutient ou un bouc émissaire : un camarade Schtroumpf* expatrié lui aussi ou même un Schtroumpfophile*... Vite vite... Pas de chance ce soir, aucune trace de ces deux individus, dont la présence aurait pu être salvatrice. Ce soir donc, il va falloir se débrouiller seul(e) ! On remonte ses manches et on donne son avis en étant très vigilant sur tout et n'importe quoi, enfin parfois surtout sur n'importe quoi... Et ce sans raison valable et logique... Pourquoi ? Parce qu'on est soudain étonnamment stressé... Pour deux bonnes raisons : Tout d'abord parce que la quasi-totalité des personnes présentes à ses deux yeux braqués sur nous et le verre en suspend à la main, et puis aussi parce qu'on se sent légèrement responsable de ce que pourra penser, la majorité de l'assemblée ici-présente, après notre discours, sur l'ensemble des Schtroumpfs* dans le monde. Surtout si c'est la première fois qu'ils rencontrent un Schtroumpf* de leur vie ! Ce qui fait qu'on finit bien souvent par dire une énorme bêtise. En bafouillant en plus... A ce moment là, on n'est absolument plus sûr de savoir si c'est un avis de Schtroumpf*, un avis de locaux, un avis Locotroumpf, un avis exotique, un avis à côté de la plaque, un avis de tempête, ... 

    C'est à ce moment là donc, que je me lance pas très rassurée... Il y a des choses pour lesquelles on fini par prendre parti, parce que tout simplement ça correspond plus à sa manière de vivre et de penser. A un moment, j'ai dû choisir mon camp sur un sujet HAUTEMENT SERIEUX, et mea culpa en ce qui concerne le Riz-au-Lait j'ai choisi le Milch-Reis sans hésiter ! Parce qu'à vrai dire le manger chaud sortant de la casserole avec, saupoudré dessus, de la cannelle et du sucre, je ne peux vraiment pas y résister !

    Pour conclure : à l'étranger parfois d'individu, on passe à groupe d'individu. Beaucoup d'expatriés restent en effet entre-eux, plutôt que de faire face à la population qui vit dans le pays où ils ont pourtant choisi de vivre... J'en reparlerais peut-être plus tard, parce que c'est pas vraiment comme ça que je conçois personnellement l'expatriation... Et cette perte d'individualité tout à coup, ça fait (très) bizarre. Si tu ne t'étais jamais posé de question sur ton pays d'origine jusque là, ben tu t'en poses des tonnes. Et finalement tu redécouvres ton propre pays , au travers des yeux des locaux ! Et c'est pas si mal du tout, tu apprends à l'apprécier autrement, à te détacher de la pression qui pèse sur toi afin d'éviter de te retrouver dans les situations citées plus haut, pour mieux en rire et t'en moquer.

    Au bout du compte on prend pleinement conscience que nous sommes tous des citoyens du monde qui adoptent les habitudes seyant le mieux  à notre caractère et à notre façon d'être, n'en déplaise à l'Imbécile... Et ça se ressent particulièrement dans les villes comme Frankfurt, ou plus de 133 origines différentes Sachant qu'il y a quasiment 200 pays dans le Monde, et plus de 300 peuples différents ça nous amène à un rapport entre 33 et 50% des nationalités représentées dans une seule et même ville ! se côtoient au quotidien, entre différences culturelles, historiques, religieuses, philosophiques et etc...

     

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